Tout ce qui suit est entièrement faux. Tout ces mots, ces descriptions ; moi même je suis entièrement fausse.

Je suis une louve qui semble à première vue avoir la joie de vivre. Le genre à gambader gaiement dans les prairies, à voir la vie en rose et à toujours tout tourner du coté positif. Je m'applique à toujours être ainsi, voir même apporter le bonheur autour de moi. Et même si je me faisais gronder par un quelconque loup parce que je suis trop joyeuse à son goût, je n'y prêterai guère attention.
J'ai également souvent la tête dans les nuages. Le regard fixé, par exemple, sur n'importe quoi, un nuage ou un écureuil, complètement perdue dans mes pensées.
Je vais vers les autres, inconnue ou non, même ceux qui semblent assez distant. Je me méfie assez peu et apprécie le bavardage. Je discute un peu de tout, et souvent j'énerve mon interlocuteur par ce procédé.

Ce qui précède est en réalité la copie parfaite du caractère de mon frère, disparu depuis quelque temps. Et que, je crois, j'utilise pour me rassurer.

En réalité, je suis, du moins j'étais de caractère plutôt calme, timide et très discrète. Tout le contraire de mon frère. Je n'aimais pas vraiment me mêler aux autres, seul la compagnie de ma petite famille m'allait. Je ne parlais pas. Du moins très peu, seulement quand il l'était nécessaire, qu'on me posait des questions qui exigeait une réponse. J'obéissais au doigt et à l'oeil, et j'apprenais rapidement.
Forte psychologiquement, je me relevais toujours après toute attaque physique ou mentale. Ce qui ne nous tue pas nous rends plus fort dis-on. Je protégeais mon frère, qui lui était beaucoup plus fragile.
Aujourd'hui, je crois que cette force mentale est bien la seule chose qui reste de ma personnalité.

Je suis née en plein mois de novembre, un jour de neige d'après ma mère, Kaarak, Omega des Silens Loquor. Elle s'était réfugiée sur le plateau rocheux, dans une petite grotte pour s'abriter de la neige. Cinq louveteaux sont nés, seulement deux ont survécu au froid glacial. Un mâle et une femelle ; Lyian et moi, Aänor.
nous grandîmes tous deux le plus simplement du monde, étant d'une complicité sans limites. Au point de ne plus pouvoir se passer l'un de l'autre, on faisaient tout ensemble : jouer, embêter les adultes, apprendre à chasser, ect.
Ce furent les meilleurs moment de notre vie. Cependant, on se rendît rapidement compte en grandissant, qu'il y avait une différence sociale monstrueuse entre chaque loups. Etant enfants d'Omegas, nous en étions aussi et par conséquent on subissait de nombreuses brimades de la part des loups de haut rang. Notamment Lyian, qui était beaucoup trop bavard pour cette meute.
Je le supportai assez facilement, j'avais réussi à me faire une raison. Mais ce ne fut pas le cas pour mon frère qui finit un jour par quitter la meute, trop faible pour résister. Il préférait vivre en solitaire, ou peut être voulait-il rejoindre une autre meute ? Qu'en sait-je aujourd'hui.
Il ne m'a pas averti de son départ, il savait que je le suivrai n'importe où, et il ne voulait pas que son choix soit aussi le mien. Surtout si je me sentais à mon aise dans la meute.
Je me souviens parfaitement de la panique qui est monté en moi, le jour où je ne le trouvais plus nulle part, que je savais qu'il était loin de moi, qu'on m'avait arraché une partie de moi même.
Je ne sais pas pendant combien de jours je n'ai pas mange, et que je suis restée dans la petite grotte où nous somme née, à regarder le ciel et espérer son retour.
J'aurai pu partir à sa recherche, mais ma mère l'a fait avant moi. Et l'idée de quitter moi même la meute m'effraie au plus haut point.
Je m'en suis remis quelques mois après. Enfin, c'est ce que j'ai fait croire aux autres loups. Je me suis enfermée dans mon cocon, et pour pouvoir me protéger, me rassurer, j'ai changé de personnalité, adoptant celui de mon frère, au détail près. Jusqu'à me faire appeler par son nom.